A l’occasion de la création du Grand port fluvio-maritime de l’axe Seine au 1er juin 2021 baptisé Haropa port, son président du directoire, Stéphane Raison, présente ce nouvel établissement unique issu de la fusion des ports de Paris, Rouen et du Havre. Il évoque également les enjeux de cette création et les moyens qui lui sont donnés pour atteindre ses ambitions.
Que signifie la fusion des ports de l’axe Seine ?
A compter de ce 1er juin, les ports du Havre, Rouen et Paris ne font plus qu’un : Haropa port. Et deviennent le Grand port fluvio-maritime de l’axe Seine. C’est à la fois un aboutissement et un nouveau départ. Cette intégration va nous permettre de bâtir un établissement portuaire, logistique et industriel de premier plan qui, en s’appuyant sur la transition énergétique, sera capable de rivaliser avec les plus grands ports du range nord-européen. La crise économique et sanitaire nous engage en effet à diversifier nos trafics, à valoriser l’écosystème industriel et à renforcer la dimension logistique de la Seine pour favoriser nos trois places portuaires et reprendre ainsi des parts de marché.
Que représente Haropa port en chiffres ?
Haropa port, c’est déjà le 5e port nord-européen, le 1er port pour le commerce extérieur de la France, le 1er hub logistique de France, le 1er port exportateur de céréales d’Europe de l’Ouest ou encore le 1er port intérieur mondial pour le tourisme fluvial. C’est aussi une façade maritime ouverte sur le monde (700 ports touchés). C’est enfin la Seine qui dessert par voie naturelle Paris et l’Ile de France et ses 12 millions de consommateurs.
Quels sont vos principaux objectifs ?
Notre ambition est de mettre en place une stratégie multi filières (conteneurs/logistique, agricole, énergie-chimie, BTP, produits valorisables, roulier, tourisme, etc.) génératrice d’emplois et de richesse pour nos territoires, nos clients, les industriels et logisticiens présents. Pour y parvenir, nous allons bâtir un véritable écosystème de réindustrialisation décarboné autour des ports de la Vallée de la Seine. Cette intégration nous permettra d’être l’interlocuteur unique de tous nos partenaires français et internationaux, d’accélérer les transitions écologique, énergétique et numérique de nos territoires et de disposer d’une plus grande robustesse économique.
Quels sont les principaux enjeux du nouvel ensemble ?
L’enjeu d’Haropa port est à la fois environnemental et économique. L’un de nos leviers de cette réussite repose sur le report modal : nous voulons renforcer le recours au fleuve et au fer. C’est le sens, notamment, de l’appel à manifestation d’intérêt que nous avons lancé auprès des opérateurs fluviaux et ferroviaires pour développer les services en place et en créer de nouveaux.
Quel est le plan d’investissement prévu pour financer ces ambitions ?
Avec le soutien de l’Etat, qui a doté le nouvel établissement d’une trajectoire financière de 1,45 milliard d’euros sur la période 2020-2027, nous allons réaliser des investissements sans précédent. Les projets d’aménagement et de réaménagement de nos infrastructures portuaires de nouvelle génération sont nombreux. Ils visent à améliorer nos services et à encourager la croissance et le report modal des trafics. Modernisation des accès et des quais, développement de parcs logistiques et des chantiers multimodaux, ces projets seront toujours plus respectueux de l’environnement et des usages partagés.
Comment s’organise le nouvel établissement portuaire ?
Le siège d’Haropa port est situé au Havre. Un conseil de surveillance réunissant des représentants de l’Etat, des collectivités locales, des personnalités qualifiées et des salariés porte une vision à l’échelle de l’axe Seine. Il est accompagné d’un conseil d’orientation en charge d’éclairer les décisions stratégiques et d’approfondir la logique de coopération et de coordination. L’ancrage local avec les collectivités, les entreprises des places portuaires et les clients est préservé avec trois directions territoriales basées à Paris, à Rouen et au Havre ; chacune d’elle dispose d’un conseil de développement territorial qui représente les intérêts locaux.
Un arrêté du 1er juin 2021 nomme Stéphane Raison président du directoire provisoire du Grand port fluvio-maritime de l’axe Seine. Provisoire, car la nomination à ce poste doit en effet suivre une procédure de consultation des régions Ile-de-France et Normandie avant d’être définitive. Les deux collectivités locales doivent aussi se prononcer sur les quatre personnalités qualifiées issues du monde économique membres du conseil de surveillance, dont seul Daniel Havis – appelé à présider cette instance – est connu pour le moment. Ce conseil devrait pouvoir être opérationnel début juillet, estime Stéphane Raison qui précise qu’il n’y a toutefois « pas de vacance » dans la gestion d’Haropa port, « tout fonctionne, c’était notre plus grand défi ».
Le directoire, composé pour le moment de son président et des directeurs généraux délégués des différents ports de l’axe – et à terme d’un maximum de six personnes désignées par le conseil de surveillance -, pourra être installé dans la foulée.
Le conseil d’orientation de l’axe Seine doit, lui, être présidé par le nouveau Délégué interministériel au développement de la Vallée de la Seine, Pascal Sanjuan, qui prend ses fonctions le 7 juin. La composition doit être construite avec lui pour être en place pendant l’été.
Le calendrier est le même pour les conseils de développement territoriaux qui doivent représenter les intérêts locaux et les porter auprès du conseil de surveillance.