Paris, Rouen et Le Havre prennent l’initiative ensemble sur le fluvial

Anne Hidalgo, Nicolas Mayer-Rossignol, Edouard Philippe et Patrick Ollier, réunis au Havre le 31 mai 2021, ont acté des premières actions à mener en commun autour du transport fluvial.

Après une première rencontre en février dernier à l’invitation de Nicolas Mayer-Rossignol, président de la Métropole Rouen Normandie, les représentants des trois espaces métropolitains se sont retrouvés autour d’Edouard Philippe, président du Havre Seine Métropole, pour une deuxième étape de ce cycle de réunions qui a pour objectif « d’accélérer et d’accompagner des projets concrets autour de l’Axe Seine », a rappelé l’ancien Premier ministre en préambule.

Le premier sujet sur lequel les élus souhaitent travailler est le transport fluvial, car c’est « un des éléments de la compétitivité portuaire », a souligné Edouard Philippe, et parce qu’un « rééquilibrage » entre les modes de transport leur semble nécessaire alors que 85 % des marchandises sont transportées par la route le long de la Seine. Le rendez-vous du 31 mai a donc débuté par un temps d’échange avec une quarantaine d’acteurs du secteur, principalement privés, afin d’écouter leurs besoins. « Les acteurs économiques ont besoin que les élus prennent conscience de la nécessité d’agir collectivement pour les aider, partagent mieux les problèmes et se les approprient », a observé Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris.

De g. à dr. : Nicolas Mayer-Rossignol, Anne Hidalgo, Edouard Philippe et Patrick Ollier. © JAS

Puis ce dernier, Anne Hidalgo, la maire de Paris, Nicolas Mayer-Rossignol, Edouard Philippe et leurs équipes ont finalisé une série de trois propositions, dont la première est d’intégrer le recours au fleuve pour les flux logistiques dans la commande publique. Les collectivités concernées pourraient donc, à l’image de ce que fait l’Eurométropole de Strasbourg, inclure des critères en ce sens dans leurs marchés.

Du foncier pour la logistique du dernier kilomètre

La deuxième initiative a pour ambition de développer de manière coordonnée des écosystèmes favorables à l’utilisation de la voie d’eau. Les trois métropoles veulent ainsi identifier et aménager des zones de débarquement le long du fleuve pour favoriser la logistique du dernier kilomètre. « Trouver de bonnes solutions passe forcément par [le fait de] mobiliser du foncier », a remarqué Anne Hidalgo. Un appel à manifestation d’intérêt doit par ailleurs être lancé au premier trimestre 2022 avec Haropa pour expérimenter de nouvelles façons de desservir la voie d’eau en cœur d’agglomération.

Dans cet esprit, les quatre élus ont aussi annoncé leur volonté de soutenir l’électrification des quais – menée par Haropa et Voies navigables de France (VNF) – et les expérimentations d’énergie alternative pour les motorisations des bateaux.

La troisième action présentée concerne l’organisation, en octobre 2022 au Havre, d’une convention d’affaires de dimension européenne, en partenariat avec VNF, visant à « promouvoir le transport fluvial et à promouvoir les métiers du secteur, injustement méconnus et à terme pourvoyeurs d’emplois », a détaillé le président du Havre Seine Métropole.

A Paris avec toutes les intercommunalités de l’axe

Le prochain acte de cette collaboration des collectivités de l’axe Seine se déroulera à Paris en octobre prochain et aura pour thème l’énergie, avec comme projet la création d’un opérateur territorial de soutien au développement de la production d’énergies renouvelables locales. Cette rencontre sera élargie à l’ensemble des intercommunalités situées le long de la Seine. « Il n’est pas question de créer une structure commune mais de pouvoir échanger sur les projets et les attentes collectives », a relevé Edouard Philippe.

D’autres thématiques ont été identifiées lors du rendez-vous initial à Rouen et feront l’objet d’initiatives : la gestion des milieux aquatiques et la prévention des inondations (Gemapi), sujet sur lequel la métropole du Grand Paris organisera un atelier pour traiter de ces enjeux à l’échelle de l’axe Seine atelier, ou encore la culture autour de l’Armada à Rouen en 2023, des Jeux olympiques et paralympiques en 2024 à Paris mais également d’autres événements à déterminer dont, pourquoi pas, une « Nuit blanche » étendue jusqu’au Havre. Rouen a par ailleurs déposé sa candidature pour être Capitale européenne de la culture en 2028.

Développer les circuits courts

Un travail au long cours est aussi amorcé s’agissant de l’agriculture et de l’alimentation. « Nous pouvons développer et mutualiser des outils fonciers pour installer des agriculteurs sur les territoires des métropoles », a indiqué l’ancien Premier ministre. Une thématique qui touche aussi à l’approvisionnement en circuits courts voire aux matériaux biosourcés. Pour financer ces politiques, la création de coopératives de compensation carbone valorisant les évolutions vertueuses des usages agricoles sera étudiée.

Pour Anne Hidalgo, cette coopération entre Paris, Rouen et Le Havre est « en phase avec l’époque, à un moment où nous voulons retrouver toutes les vertus du fleuve ». « Nous passons des intentions à l’action », a pour sa part mis en avant Patrick Ollier.

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