Les chantiers à l’arrêt en Normandie

A l’issue de la première semaine de confinement, plus de 90 % des chantiers sont à l’arrêt en Normandie. Dans le secteur des travaux publics comme dans celui du bâtiment, le gouvernement souhaite une reprise rapide. Une injonction que les organisations professionnelles jugent pour l’heure intenable.

Après des déclarations ministérielles parfois contradictoires et souvent mal perçues par les professionnels, le préfet de région André-Pierre Durand a choisi de calmer le jeu en recevant le 20 mars à Rouen les représentants des chambres consulaires ainsi que des branches professionnelles. Une rencontre placée sous le signe de l’apaisement, témoigne le secrétaire général de la FRTP (Fédération régionale des travaux publics) Normandie Matthieu Jacotot. « Le mot d’ordre est toujours le même : il faut reprendre l’activité économique ! Mais on a senti une prise de conscience et une volonté d’apaisement de la part du préfet. »

Plus de 90 % des chantiers à l’arrêt en Normandie

L’accord conclu ce week-end entre le gouvernement et les organisations professionnelles a certes entériné la sécurisation du recours au chômage partiel, mais il est loin d’avoir réglé les choses sur le plan sanitaire. « Tant qu’il n’y a pas de protocole de reprise, ce sera très compliqué, explique le représentant de la FRTP Normandie. Si nous ne sommes pas en mesure d’assurer les conditions de sécurité sanitaire sur nos chantiers, nous ne pourrons pas reprendre .» Après une semaine de confinement, plus de 90 % des chantiers sont à l’arrêt dans la région.

Chantier à l’arrêt à Rouen. © GD

Et c’est l’incompréhension qui domine chez les dirigeants d’entreprises : « Nos adhérents ne comprennent pas. On voudrait nous laisser travailler sans sécurité alors que l’on demande à tout le monde de ne plus travailler !, s’insurge Régis Binet, le président de la FRTP Normandie. Ce que nous demandons, c’est un moratoire de 15 jours avec un memento pour donner des directives à nos adhérents, car il en va de la sécurité de nos collaborateurs et de leurs familles. »

« Les clients ne veulent plus laisser entrer les artisans chez eux »

Du côté de la FFB (Fédération française du bâtiment) Normandie, le discours est à l’unisson. « La santé en premier lieu ! », martèle le président régional Alain Piquet qui rappelle que les chantiers ont été arrêtés par les maitres d’ouvrages eux-mêmes, et notamment ceux du secteur public : « Ce sont les premiers à avoir ajourné les chantiers. » Et les premiers également à proposer des prolongations de délais, quand dans le même temps les promoteurs privés veulent faire peser la responsabilité et le coût des arrêts sur les seules entreprises, déplore Alain Piquet. Sans compter que « les clients particuliers ne veulent plus laisser entrer les artisans chez eux ! »

« Cette semaine, ce sera le statu quo. Il y a tellement de chantiers arrêtés que l’on ne reprendra pas demain », estime Alain Piquet. © GD

Passé ce constat, d’autres difficultés entravent une éventuelle reprise. En amont, la fabrication et la distribution de matériaux et de matériels n’est plus convenablement assurée et en aval, les déchetteries restent fermées. Au final, « remettre la machine en route sera complexe, prévient Alain Piquet. Ceux qui nous disent d’un claquement de doigt : « il n’y a qu’à reprendre », ne savent pas ce qu’est un chantier. C’est un environnement complexe, instable et évolutif où se réunissent des entreprises différentes sur des phases différentes. »

Lundi 23 mars, seul dans son entreprise, le président de la FFB Normandie se veut lucide : « Cette semaine, ce sera le statu quo. Il y a tellement de chantiers arrêtés que l’on ne reprendra pas demain. Nous venons de traverser une période de sidération, et l’urgence, c’est la santé de nos salariés. »

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