Le difficile redémarrage des croisières fluviales

A la suite de la réunion du 20 juin du Conseil de défense et de sécurité nationale (CDSN), le gouvernement a arrêté un nouveau train de mesures de déconfinement pour la période estivale qui prévoit notamment à compter du 11 juillet 2020 la reprise des activités de croisières fluviales. Une annonce très attendue par un secteur durement touché par les mesures de confinement mises en œuvre au moment même où les compagnies s’apprêtaient à lancer leur saison.

« Ces trois mois d’arrêt, ce sont trois mois de perdus », déplore Eric Collange, directeur commercial de la compagnie strasbourgeoise CroisiEurope, un poids lourds européen de la croisière fluviale qui exploite d’ordinaire trois bateaux de croisière sur la Seine. Avec l’assouplissement des mesures de confinement, la compagnie prévoit d’ores et déjà de reprendre son activité à compter du 13 juillet prochain, « mais avec seulement deux bateaux, précise le dirigeant. La reprise est graduelle et à ce stade nous espérons simplement pouvoir décaler notre saison jusqu’en novembre » pour refaire une partie du retard accumulé sur les réservations.

Seuls deux des trois bateaux de CroisiEurope sur la Seine vont redémarrer leur activité. © CroisiEurope/Paul

Des réservations dont le rythme s’accélère depuis une quinzaine de jours déjà, reconnaît Eric Collange : « Nous avons une très bonne amorce même si nous ne sommes qu’à 70 % du niveau de 2019. » Aujourd’hui, l’essentiel des clients semble opter pour des décalages de réservations plutôt que des annulations. L’autre bonne nouvelle étant qu’aucune jauge maximum n’est aujourd’hui imposée pour les croisières avec hébergement.

Les croisiéristes parisiens en quête d’une clientèle plus locale

A Paris, où le tourisme fluvial a séduit près de huit millions de passagers en 2019, l’essentiel de l’activité est porté par une soixantaine de compagnies de croisières promenades. Un secteur pour lequel la reprise est déjà en marche. Le spécialiste des canaux parisien Canauxrama annonce par exemple une reprise globale pour le 27 juin. « Il n’y a plus de restriction sur la Seine pour les bateaux de passagers », explique le dirigeant Nicolas Hanel.

Les bateaux parisiens reprennent leur activité avec une faible fréquentation. © CroisiEurope/Alexandre

Seul bémol, les bateaux de 189 et de 212 places navigueront à 50 % seulement de leur jauge maximum. Le tout dans un contexte inédit où la clientèle habituelle, essentiellement étrangère, manque toujours à l’appel. « On a redémarré rapidement sur la canal Saint-Martin, mais avec une fréquentation très faible », reconnaît le dirigeant qui compte donc désormais sur une clientèle « plus locale » pour relancer son activité.

« On navigue à vue »

Plus en aval, à Rouen, le président de Rouen Normandie tourisme Laurent Bonnaterre admet que la situation reste préoccupante sur le front de la croisière fluviale : « On navigue à vue, les informations sont glissantes et les annonces ont à plusieurs reprises été modifiées. »

Du côté des opérateurs français et surtout étrangers, très nombreux sur ce créneau, aucun signe de reprise en juin à ce stade. « Nous avons pour l’instant trois navires attendus en juillet pour une clientèle autrichienne et allemande », mais rien de plus, rapporte Laurent Bonnaterre. « En croisière hébergement, nous accueillons essentiellement une clientèle de CSP+, souvent âgée et en provenance de pays du nord de l’Europe. » Une cible sur laquelle la visibilité est aujourd’hui très réduite, reconnaît l’élu qui compte désormais, lui aussi, séduire une clientèle locale, régionale, attirée par « l’effet nature » d’une ville « qui arrive enfin à expliquer qu’elle n’est pas qu’une ville industrielle ! »

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