Olivier Jamey – L’homme du fleuve

Le président de la Communauté portuaire de Paris et vice-président de Seine port union s’enthousiasme pour la Seine, impatient de voir son potentiel pluriel se développer encore davantage. 

Olivier Jamey parle cash, sans trop de fioritures, avec l’air amusé d’un loup de mer. « On avait levé beaucoup d’argent, mais on s’est planté assez vite », résume-t-il pour raconter son aventure, avec un copain, à la tête d’un projet de multiplication d’aquariums en France, lancé au début des années 2000. Mais la première année de ce business, le naufrage de l’Erika et la marée noire qui s’ensuit ruine son site à la pointe du Raz, tandis que l’aquarium qu’il va ouvrir à Lourdes prend feu… Aujourd’hui, sur le pont d’un bateau-école amarré dans le Port de Grenelle, sous la tour Eiffel, cet ancien élève du lycée Janson de Sailly, diplômé de l’Essec, passé par Bouygues et le cabinet de stratégie Mars & Co, évoque une période difficile, « mais très formatrice pour la suite ».

Olivier Jamey. © Jgp

Après les aquariums, ce quinqua au physique qui tient à la fois de Jean-Pierre Marielle et d’Eric Tabarly se lance dans le papier en renouvelant notamment la papeterie de coton à partir de l’Inde, avant de revenir à l’eau en 2006, où il reprend les Vedettes de Paris avec un armateur pétrolier. Il y construit deux bateaux en six mois et y développe l’événementiel à quai : des marchés thématiques et des animations spectaculaires au pied de la Tour Eiffel. Parallèlement, en 2007, il crée la société – qu’il gère toujours aujourd’hui – qui exploitera les navettes électriques qui relient le Millénaire au métro, à La Villette, pour le compte de la Caisse des dépôts. « Faire circuler les premiers bateaux électriques sur le Canal de Saint-Denis n’allait pas de soi, se souvient-il, certains me prédisaient des déboires en série, mais ces navettes se sont révélées d’une résistance à toute épreuve », indique-t-il.

Capitaine Fracasse

Ses aventures fluviales se poursuivront avec l’acquisition pour le compte de Vedettes de Paris de la Compagnie des bateaux à roue en 2008, puis en 2009 pour son compte de la Compagnie de la Seine avec notamment les bateaux de restauration le Capitaine Fracasse et le Paris en scène… Il détient ou exploite à ce jour une dizaine de navires aux usages variés.

Fort de ses multiples expériences, en 2015, avec quelques confrères, il crée la Communauté portuaire de Paris, qui fédère l’ensemble des acteurs économiques autour de la voie d’eau. Il se félicite de l’intérêt croissant de la ville de Paris pour le sujet, accentué encore par la piétonisation des voies sur berges. « Les gens du fleuve sont assez créatifs », fait-il valoir, soulignant qu’ils doivent prendre toute leur place dans la gestion de la Seine, aux côtés des multiples instances qui l’administrent, Ports de Paris, Voies navigables de France, sans oublier les collectivités territoriales.

Olivier Jamey se félicite également que la transition écologique contribue à rendre au fleuve sa modernité, que ce soit pour le transport de voyageurs, la logistique urbaine ou l’évacuation des gravats des différents chantiers franciliens. « La Seine doit être aussi au rendez-vous des Jeux olympiques de 2024 », ajoute-t-il, comme une preuve supplémentaire de la centralité du fleuve.

Le président de la communauté portuaire plaide pour un développement de cet écosystème si particulier, propice à la mixité des usages. Il en a la certitude. A condition qu’ils se parlent, et organisent leur voisinage, l’industriel et le récréatif peuvent cohabiter sur et aux bords de la Seine. De même, pour lui, le développement de l’Axe Seine est une évidence, qu’il faut accélérer. En articulant au mieux le temps long, celui d’Haropa et de l’Etat, avec le temps court qui est celui des entrepreneurs. « Regardez bien, lance, en guise de conclusion, ce fan au second degré du feuilleton “L’homme du Picardie” : la Seine est le seul endroit où les gens sourient à Paris. »

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