C. Eudier : « La bioéconomie est une manière de créer de la richesse avec des déchets »

Vice-présidente de la région Normandie en charge de l’agriculture, Clotilde Eudier participe le 12 mai 2022 aux états-généraux de la bioéconomie en Normandie. L’occasion de rappeler les enjeux liés au développement de cette filière qui repose sur la valorisation des produits de la biomasse. L’événement est organisé à la Cité de la mer de Cherbourg (Manche) en partenariat avec le pôle de compétitivité Bioeconomy for change (B4C).

La région Normandie coorganise avec le pôle de compétitivité Bioeconomy for change les premiers états-généraux de la bioéconomie à Cherbourg. Quel enjeu revêt cet événement pour la région ainsi que pour les entreprises concernées ?

Le premier enjeu consiste à amener sur notre territoire de la valeur et de la connaissance sur le sujet de la bioéconomie. La Région est devenue en février dernier adhérente du pôle B4C qui est installé dans la région des Hauts-de-France mais qui rayonne également sur la région Grand Est. Nous avons désormais l’ambition de mettre en synergie nos compétences.

Clotilde Eudier. © CR Normandie

Comment définiriez-vous la bioéconomie ?

La bioéconomie est la mise en valeur de la biomasse, c’est-à-dire de l’ensemble des produits de la terre et de la mer. Je citerais plusieurs exemples normands : la culture du lin est connue pour ses applications textiles mais on la retrouve également dans le lin technique et les matériaux composites. Et dans l’économie de la mer, des entreprises normandes valorisent les produits coquillés. On peut également classer la méthanisation dans cette catégorie. D’une manière générale, la bioéconomie est une manière de créer de la valeur avec des déchets.

Quels sont les atouts spécifiques de la Normandie dans ce domaine ?

Nous sommes un territoire d’agriculture et de pêche dont la première vertu est de nourrir les populations, mais le potentiel est là pour la valorisation des co-produits. Ce qui m’intéresse aujourd’hui, c’est de voir comment les différents acteurs concernés s’accordent pour définir la bioéconomie et pour s’assurer que les développements à venir ne se fassent pas au détriment de l’alimentation. Car la première vocation de l’agriculture et de la pêche est nourricière.

Quelle est désormais la feuille de route de la région en la matière ?

Il faut déjà créer davantage de lien entre les différents acteurs dans la région et mieux identifier le potentiel de certaines filières comme celle de l’équarrissage ou encore les co-produits de la pêche ou l’exploitation des algues. Des réalisations existent mais il faut aller beaucoup plus loin.

Comment le développement de cette filière s’articule-t-il avec la politique agricole de la Région que vous avez récemment présentée ?

L’agriculture normande est face à plusieurs défis : celui du renouvellement des générations chez les agriculteurs où un tiers d’entre eux a plus de 60 ans ; celui également de la taille des exploitations dont la tendance à l’agrandissement a montré ses limites. L’enjeu, désormais, consiste à capter davantage de valeur ajoutée sur les exploitations dans leur ensemble.

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