60 % de baisse des séjours touristiques en Ile-de-France

La région capitale devrait enregistrer 20 millions de séjours touristiques en 2020, contre 50 millions en 2019, selon le bilan réalisé à partir des résultats du premier semestre.

– 14,2 millions, soit une diminution de 60 % : le nombre de séjours touristiques dans la région Capitale a brutalement décroché au premier semestre 2020. Entraînant une baisse de recettes de 6,4 milliards d’euros pour le secteur. Tel est le bilan dressé le 27 août 2020 par le comité régional du tourisme, et présenté par la présidente de Région Valérie Pécresse qui a commenté : “nous avons vu l’activité se fracasser”.

Valérie Pécresse présentait le bilan de l’activité touristique francilienne en compagnie d’Eric Jeunemaître, à gauche, président du comité régional du tourisme et de Hamida Rezeg, à droite, vice-présidente du conseil régional chargée du tourisme. © Jgp

Représentant environ 7 % du PIB régional et quelque 500 000 emplois, l’activité touristique a été stoppée net par le confinement, tandis que la reprise estivale restait timide. La Capitale a notamment souffert de l’effondrement du tourisme international, le plus lucratif : la décroissance sur le semestre a atteint 68 % contre 54 % pour la clientèle française. Les grands musées et monuments parisiens affichent, pour le premier semestre, des fréquentations en baisse de 26 % (Musée Bourdelle) à 78 % (Tour Montparnasse) avec, par exemple – 64 % pour le Louvre. En dehors de Paris, Versailles affiche – 77 % et Fontainebleau – 64 %.

Une reprise estivale plus favorable à la grande couronne

L’été a toutefois vu revenir certains étrangers européens : notamment les Néerlandais, les Allemands, les Belges, les Britanniques et les Espagnols. Cependant, la fréquentation est restée en berne à Paris avec plus d’un hôtel parisien sur deux qui n’a pas rouvert cet été et les taux d’occupation ont tout juste dépassé 30 % pour ceux qui ont repris leur activité. « Près d’un hôtel parisien sur cinq pourrait fermer définitivement ses portes d’ici la fin de l’année », a estimé Eric Jeunemaître, président du comité régional du tourisme.

La baisse de fréquentation a été moins marquée en grande couronne : les touristes, et notamment français, voire franciliens, ont préféré les grands espaces à la vie urbaine. « En dehors de Paris, 70 % des hôtels étaient ouverts, et les taux d’occupation ont été d’environ 40 %”, a détaillé Valérie Pécresse. Cependant, au total, les professionnels estiment leurs pertes de chiffre d’affaires à plus de 60 % pour la période juillet-août.

Un plan de reprise en 4 axes

A quoi ressemblera le reste de l’année ? Les récentes décisions britannique (quarantaine imposée aux personnes revenant de France) et belge (classement de Paris en zone rouge, déconseillée) ne sont pas de bon augure. Pas plus que l’état des réservations aériennes pour le dernier trimestre, qui varient entre – 60 et – 80 % selon le pays de départ. D’où la double nécessité d’aider les professionnels du tourisme à passer l’épreuve, mais aussi de réorienter profondément la stratégie tourisme de la région.

Côté aides, “les entreprises du secteur touristique, qui constituent donc 7 % du PIB, ont bénéficié de 16 % du fonds de solidarité Etat-Région, soit 210 millions d’euros, et représentent 20 % des demandes pour les aides supplémentaires octroyées par le fonds”, a détaillé Valérie Pécresse. 12 % des prêts à taux zéro consentis par la région et BPI France concernent également le secteur, tout comme 20 % des demandes émises par des TPE franciliennes pour le fonds de résilience mis en place par différents acteurs de la région. Ces différentes aides ne sont pas encore toutes consommées et devraient donc permettre d’aider les professionnels jusqu’à la fin de l’année.

Une réorientation de la stratégie tourisme

Parallèlement, Valérie Pécresse a annoncé un plan tourisme en quatre axes : inciter les Franciliens à redécouvrir leur région et à consommer des loisirs sur place (restauration, visites, etc.) ; créer un label de sécurité sanitaire exigeant, en collaboration avec l’Agence régionale de santé, pour sécuriser les touristes notamment étrangers ; communiquer à l’international pour redonner envie de visiter la ville Lumière ; restaurer la confiance des organisateurs de salons, de congrès et d’évènements : le tourisme d’affaires représente 50 % des nuitées, emploie 250 000 personnes et est touché de plein fouet par la jauge maximale de 5 000 personnes.

Certains pays, comme l’Allemagne, ont introduit des jauges différentes pour les évènements professionnels et grand public, peut-être cela serait-il une bonne distinction à opérer, a suggéré Valérie Pécresse, nous ne pouvons pas accepter que certains salons, comme le salon de l’auto, se délocalisent dans d’autres pays.

A plus long terme, il convient cependant de revoir en profondeur la stratégie du secteur. Dès septembre, la Région va engager avec la profession une réflexion en ce sens. Elle guidera la rédaction du schéma régional du tourisme et des loisirs qui entrera en vigueur à partir de 2022.

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