Jean-Paul Rivière, nouveau capitaine de l’Armada

L’association organisatrice depuis 30 ans de l’Armada, le rendez-vous rouennais des grands voiliers, s’est trouvé il y a quelques mois déjà un nouveau porte-étendard, en la personne de Jean-Paul Rivière. Un homme bien connu des milieux économiques qui va désormais devoir imprimer sa marque sur un tout autre échiquier.

Rien ne prédisposait vraiment Jean-Paul Rivière à devenir le nouvel homme fort de l’Armada, le rendez-vous des grands voiliers organisé à Rouen pour la première fois en 1989 et qui a fêté en 2019 sa 7e édition. Si ce n’est peut-être un goût prononcé pour la voile, lui qui a découvert la Seine à l’âge de dix ans sur le bateau familial en redescendant depuis le port de Limay jusqu’au bassin Saint-Gervais, dans les eaux du port de Rouen.

Patrick Herr (à g.), créateur de l’Armada, et Jean-Paul Rivière lors de l’Armada 2019. © DR

Dirigeant du groupe rouennais Altitude, qui jongle aujourd’hui entre les télécoms et la promotion immobilière, il a pourtant accepté début 2019 la proposition du fondateur de l’événement, l’ancien député Patrick Herr, un proche de l’emblématique maire de la ville Jean Lecanuet, à la barre de l’Armada depuis plus de 30 ans. Pourtant, ce jour-là, se souvient Jean-Paul Rivière, « je l’ai regardé interloqué » !

Toujours un pied dans l’univers des télécoms

Ingénieur télécom formé à Caen, son premier fait d’arme aura été de créer au début de la décennie 1990 Normandnet, un des rares fournisseurs d’accès internet régionaux. Aux balbutiements du net, il s’assure une place de choix sur l’échiquier hexagonal en décrochant une licence pour l’internet hertzien (WiMax) avant de revendre en 2010 le joyau de son empire, Altitude telecom, au groupe Numéricable/Completel.

Au final, un départ en trompe-l’œil du monde des télécoms puisqu’il garde au même moment la main sur la branche infrastructure du groupe – qui vient d’annoncer une levée de fonds de 500 millions d’euros – avant de relancer quelques années plus tard Linkt, un fournisseur dédié cette fois-ci exclusivement aux collectivités et aux entreprises. Désormais, entre télécoms et promotion immobilière, le groupe fondé par Jean-Paul Rivière emploie 1 000 collaborateurs pour près de 400 millions d’euros de chiffre d’affaires.

« Il devra savoir tirer des bords »

Loup solitaire, toujours un peu à l’écart de la meute, il ne s’est que très rarement impliqué dans la société civile rouennaise. Alors pourquoi l’Armada ? L’homme d’affaire hésite, puis concède : « ce qui me plait, c’est le côté entrepreneurial ! Le plaisir aussi de continuer quelque chose de très réussi. » En l’occurrence un événement qui a réuni en sept éditions près de 35 millions de visiteurs sur les quais de Rouen. Un colosse difficile à manœuvrer, également, pour lequel « il était compliqué de trouvé le bon successeur », reconnaît Patrick Herr.

Avec Jean-Paul Rivière « c’est un chef d’entreprise aguerri et un passionné de voile » qui prend les commandes. Mais, prévient Patrick Herr, comme tout bon navigateur qui se respecte, « il devra savoir tirer des bords ». A fortiori dans un environnement beaucoup plus politique que ce qu’il a connu jusqu’alors. « Et il ne suffit pas d’être un chef d’entreprise pour faire de la politique », sermonne la voix historique de l’Armada… un avertissement qui semble faire écho à l’échec aux dernières municipales à Rouen de Jean-Louis Louvel, le patron du groupe PGS.

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