C. Rivoallon : « Nous subissons le ralentissement de l’économie mondiale »

Avec un trafic maritime pour le mois de mars en recul de près de 13 % par rapport à 2019, Haropa perçoit les premiers effets de la crise mondiale du covid-19. Et si le trafic céréales se prépare à une année historiquement haute, la filière conteneur subit quant à elle une baisse marquée de 23 %. Mais dans la tempête, l’ensemble portuaire de l’Axe Seine reste « 100 % opérationnel », rappelle sa présidente Catherine Rivoallon.

Les chiffres du mois de mars montrent une forte baisse des trafics cumulés sur les ports de l’Axe seine. Vous subissez de plein fouet les premiers effets de la crise sanitaire du covid-19 ?

Nous subissons forcément le ralentissement de l’économie mondiale avec en premier lieu un impact fort sur les conteneurs. C’est la conséquence directe de la crise sanitaire qui a démarré en Chine et qui se répercute directement sur nos importations. Cet impact, nous l’avons fortement ressenti dans la deuxième quinzaine de mars et je pense qu’il va perdurer. La tendance que nous observons est que cela va durer au moins jusqu’en mai, voire en juin car de nombreux chargeurs ont décalé ou même supprimé leurs commandes en provenance de Chine.

Catherine Rivoallon. © Franck Dunuau

Le redémarrage de l’activité en Chine est donc la clé d’un éventuel retournement pour le port du Havre, notamment ?

La province du Hubei d’où est partie la pandémie semble repartir mais, quoi qu’il en soit, les usines chinoises sont encore loin d’être à 100 % de leurs capacités de production. Le constat plus globalement est que ,depuis une vingtaine d’années, les acteurs économiques n’ont pas assez diversifié leur sourcing. La Chine représente toujours une source de production très importante et les premiers chargeurs impactés sont ceux qui ont une stratégie qui consiste à produire essentiellement en Chine. C’est flagrant avec la crise des masques.

Les vracs liquides sont aussi en net recul (16 %) en mars. Le covid-19 est-il, là encore, responsable de tout ?

La tendance était prévisible car nous subissions déjà des fermetures techniques de raffineries comme celle liée à l’incendie de décembre à la raffinerie de Normandie (Total) à Gonfreville l’Orcher qui a entraîné une baisse de l’activité. Un redémarrage après un tel incident est toujours difficile. S’ajoute à cela la chute de la consommation de carburants directement liée au confinement ainsi que la forte réduction du trafic aérien.

Chargement d’un porte-conteneurs au terminal de France par la société GMP au Havre. © EH/GMP

Seuls les trafics céréales semblent ignorer la crise sanitaire. Cette situation vous semble-t-elle durable ?

A fin mars, les exportations de céréales progressent de + 24 % sur un an. C’est effectivement une très belle performance mais nous restons attentifs à l’impact de la crise du coronavirus en Afrique, notamment. Le port de Rouen continue aujourd’hui d’alimenter ses clients en Afrique mais nous devons être prudents car personne ne sait aujourd’hui combien de temps la crise sanitaire va durer.

Dans ce contexte exceptionnel, le calendrier de la mission de préfiguration de l’ensemble portuaire unique, dont vous êtes en charge, est-il impacté ?

Je continue d’avancer dans le cadre de la mission qui m’a été confiée même si c’est plus compliqué en ce moment car nous devons passer de la proximité au travail à distance. Mais quoi qu’il en soit, je n’ai pas reçu d’instructions modifiant le calendrier qui prévoit la création de l’établissement unique au 1er janvier 2021.

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