5e Sommet de l’axe Seine (4/4) – Comment adapter la région parisienne aux risques de raréfaction de l’eau ?

La métropole du Grand Paris, la ville de Paris, l’établissement public territorial de bassin Seine Grands Lacs et l’OCDE se sont associés pour réaliser une étude prospective qui évalue les impacts socio-économiques d’une raréfaction de la ressource en eau. Une étude dévoilée en avant-première lors du 5e Sommet de l’axe Seine.

Le sujet de la gestion de la ressource en eau, l’établissement public territorial de bassin Seine Grands lacs le connaît bien, rappelle son président Patrick Ollier, également président de la métropole du Grand Paris (MGP). Cependant, ces dernières années, des besoins nouveaux ont émergé à l’aune du changement climatique. C’est tout l’enjeu de la Gemapi (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) autour de laquelle des synergies se mettent en place avec les Epci de la vallée de la Seine réunies au sein de l’Entente Axe Seine.

Mathilde Mesnard, directrice adjointe et coordinatrice de l’OCDE pour le climat et la finance verte. © Anh de France

Mathilde Mesnard, directrice adjointe et coordinatrice de l’OCDE pour le climat et la finance verte, prévient : « l’Ile-de-France fait face à une menace sérieuse liée au changement climatique » en raison d’une variabilité accrue des phénomènes climatiques extrêmes. « Depuis 1990, la température moyenne a augmenté de 2°C, l’humidité des sols a reculé de 5 % et la durée des sécheresses a progressé de 20 % ». Une tendance bien partie pour s’aggraver, constate-t-elle, avec une diminution des précipitations en été et une évapo-transpiration des sols en forte croissance (+ 15 %) d’ici 2050, ainsi qu’une diminution du débit des cours d’eau. Autant de phénomènes qui impactent lourdement l’agriculture et l’industrie, mais aussi le secteur de la construction avec des conséquences importantes liées au retrait-gonflement des argiles qui fragilise les bâtiments.

Une planification au-delà de 2030

Face à cela, la région parisienne est-elle préparée ? Historiquement épargnée, elle bénéficie de l’action des grands lacs situés en amont de la Capitale ainsi que d’une consommation « relativement basse » en comparaison d’autres capitales européennes. Pour améliorer ses dispositifs de défense, Mathilde Mesnard préconise d’encourager la collecte des eaux de pluie ou encore le stockage naturel, solution qui passera par une meilleure connaissance de l’écosystème. Enfin, elle suggère d’inscrire une planification qui aille « au-delà de 2030 » afin de prendre le plus précocement possible les mesures adaptées.

Pénélope Komitès, adjointe à la maire de Paris en charge de l’innovation, de l’attractivité, de la prospective Paris 2030 et de la résilience, et Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique, du plan climat, de l’eau et de l’énergie. © Anh de France

Pénélope Komitès, adjointe au maire de Paris en charge de l’innovation, de l’attractivité, de la prospective et de la résilience, confirme que « le risque de sécheresse est déjà identifié » et ce depuis l’adoption en 2017 d’une stratégie de résilience dont la mise à jour se discute actuellement au Conseil de Paris. Dans ce cadre, la Ville appelle les industriels comme l’ensemble des acteurs du territoire « à modifier leurs comportements » ; la ville se fixant en retour la mission de « sensibiliser les Parisiens » et de mieux les informer sur la question des économies d’eau. Avec en ligne de mire, la perspective « d’une ville perméable » qui prenne mieux en compte la gestion des ruissellements. Dan Lert, adjoint en charge de la transition écologique, confirme : les étés chauds impactent la disponibilité de la ressource en eau. L’élu craint d’ailleurs que les tensions ne se multiplient à l’avenir, tant sur la quantité que sur la qualité de l’eau. Le Conseil de Paris va donc proposer un plan d’économie de la ressource en eau avec à la clé une économie de 15 % sur les prélèvements d’ici 2030. « Un changement de paradigme complet ! » qui passera par « une révolution des usages à Paris », veut croire l’élu.

Patrick Ollier, président de la MGP et président de l’EPTB seine Grands Lacs. © Anh de France

Du côté de Seine Grands lacs, « on devra retenir davantage d’eau en amont », estime pour sa part Patrick Ollier « et multiplier la durée des périodes d’étiage ». Quoi qu’il en soit, « une course contre la montre » est engagée et des actions communes se mettent en place à l’échelle de la vallée de la Seine avec les partenaires de l’Entente Axe Seine qui réunit 16 Epci entre Paris et Le Havre. « Nous allons mener un diagnostic pour mieux connaitre la situation sur les thématiques de la Gemapi », explique Claire Beyeler, cheffe du service Gemapi au sein de la MGP, pour déterminer « si les enjeux sont les mêmes » sur l’ensemble du linéaire de la Seine aval.

La MGP pilote de la Gemapi à l’échelle de la vallée de la Seine

Ce à quoi Hugo Langlois, représentant de la métropole de Rouen, rappelle que « la question de la marée » pèse davantage dans les boucles de la Seine normande qu’à Paris. Un phénomène d’accélération des débits est aujourd’hui à l’œuvre, pointe l’élu, lié à la montée du niveau des océans ainsi qu’aux travaux de dragages engagés ces dernières années pour approfondir le tirant d’eau des accès au port de Rouen, « ce qui accélère le marnage ». Au niveau de l’Entente Axe seine, la MGP a été désignée comme pilote des actions menées en termes de Gemapi, rappelle à ce titre Daniel-Georges Courtois, conseiller délégué aux coopérations et aux relations territoriales de la métropole.

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