Avec la promesse de regarder au-delà de la vallée de la Seine, le Sommet a donné lieu à un échange autour du futur canal Seine nord Europe qui a longtemps cristallisé les oppositions des acteurs portuaires normands, notamment. Des acteurs qui désormais, alors que le chantier de cette infrastructure fluviale a démarré, s’organisent pour être au rendez-vous de 2030, date annoncée de sa mise en service.
« La liaison Seine-Escaut va permettre de relier deux grands bassins de navigation sur près de 1 000 km », a rappelé le directeur territorial Bassin de la Seine et Loire aval de VNF (Voies navigables de France), Stéphane Bousquet. Un projet pertinent « car c’est à cette échelle que raisonnent les chargeurs et les acteurs fluviaux ». Vice-président de l’Alliance Seine Escaut et président délégué général de E2F (Entreprises fluviales de France), Didier Leandri a abondé, tout en reconnaissant qu’il est encore nécessaire d’évangéliser autour du canal Seine Nord Europe « qui n’est plus un projet » mais déjà une réalité : « quand on part des Hauts-de-France et que l’on descend vers l’Ile-de-France puis jusqu’en Normandie, le niveau d’acceptation ne fait que baisser, constate-t-il. Notre défi, c’est de faire en sorte que les acteurs industrialo-portuaires s’approprient le canal dans les années à venir car 2030, c’est demain matin ! »
« C’est une échéance qui doit nous galvaniser »
Président de la communauté portuaire de Paris (CPP) porté en septembre dernier à la tête de SeinePort union (SPU), Olivier Jamey s’est lui aussi fixé pour mission de sensibiliser l’écosystème fluvial de la vallée de la Seine pour préparer au mieux « cet objectif qui s’impose (…) et qui doit catalyser la compétitivité de l’axe Seine » en ouvrant sur un vaste réseau fluvial européen. Quoi qu’il en soit, « c’est une échéance qui doit nous galvaniser ». SPU dévoilera en début d’année une étude d’impact financée dans le cadre du CPIER qui sera présentée à l’occasion d’un événement que son président prévoit d’organiser à Compiègne en avril 2025.
Dans ce mouvement de sensibilisation, Isabelle Leriquier-Lajeunie, présidente de Paris Seine Normandie, émanation des réseaux consulaires normands et franciliens, a enjoint les acteurs à ne pas oublier les PME et TPE pour qui délaisser la route au profit du mode fluvial est loin d’être une évidence. « Il faut les aider à s’emparer du sujet ». Un sujet dont certains se sont saisis depuis de nombreuses années, comme en témoigne Romain Tempez, référent de la coopérative Noriap : « nous travaillons le sujet [du canal Seine Nord Europe] depuis 2012 avec la création d’une plateforme multimodale à Languevoisin (Somme) à mi-chemin entre les ports de Dunkerque et de Rouen et qui va s’étendre sur 40 ha ». Une localisation stratégique le long de l’actuel canal du Nord qui a séduit une dizaine de coopératives, dont le rouennais Senalia, au sein du projet Euroseine, ainsi qu’un industriel, FertigHy. Ce dernier prévoit d’investir 1,3 milliard d’euros pour développer un site de production d’engrais qui emprunteront la voie fluviale pour alimenter la Normandie. En conclusion, a souligné le représentant de VNF Stéphane Bousquet, « il faut concevoir ce futur canal comme une extension de l’axe Seine vers le nord et éviter la tentation du repli sur soi ».